Il me plaît de nous choquer aujourd’hui afin de fouetter notre conscience en vue de la généralisation des stratégies correctives. J’essaierai tant que faire se peut d’aborder le sujet de la malnutrition qui me tient à cœur avec une approche « pédagogique » accessible à la majorité de mes followers.
Le saviez-vous?
Saviez-vous que l’un de nos enfants sur trois en Afrique court le risque d’un échec scolaire du fait de la malnutrition chronique qui a pour conséquence l’atrophie du cerveau (altération des capacités mentales), qu’aucun enseignant ni spécialiste de soutien scolaire – communément désigné « répétiteur » à domicile – ne pourrait ultérieurement résorber? En effet près de 30% des enfants du continent africain souffrent de malnutrition, entraînant des échecs scolaires si ce n’est de cruelles pertes en vies humaines. Ce taux s’aggrave davantage à 37,5% en Afrique au Sud du Sahara où nous sommes.
De quoi s’agit-il?
Notre aberration collective est de penser que seuls les enfants « rachitiques » à nous présentés dans les films mélodramatiques sur la faim en Afrique souffrent de malnutrition. Cela limite notre jugement quant à l’acuité du mal insidieux qui frappe à nos portes plus dangereusement que nous ne le concevons, parce que ses conséquences ne sont pas toujours physiquement perceptibles. Cette pathologie est d’ailleurs aussi désignée par << la faim invisible>>. Eh oui, même des enfants robustes, apparemment bien portants, peuvent être déjà des victimes de ce mal vicieux qui s’ignorent. La malnutrition chronique est en effet due à une carence en certains nutriments et vitamines pendant les 5 premières années de la vie et peut laisser des séquelles cérébrales sévères irréversibles passées les 1000 premiers jours de la naissance.
La malnutrition, l’une des causes de notre retard de développement
La malnutrition explique le retard et les échecs scolaires de plusieurs millions d’enfants africains, avec des conséquences lourdes sur la croissance économique des pays. La plupart des maux dont sont victimes des dizaines de millions de nos enfants africains et qui ont pour noms retard de croissance, émaciation, surpoids, diarrhée, pneumonie, certaines maladies infectieuses, etc. relèvent dans une large mesure du champ de la malnutrition. Un enfant mal nourri pendant les 1000 premiers jours de sa vie restera une perte économique pour l’Afrique que même la construction massive des écoles et autres programmes de santé ne sauraient par la suite rattraper, car bien trop tard.
Selon plusieurs études concordantes qui ont fondé l’initiative salutaire de l’ONU, UNITLIFE pour la promotion des financements innovants en faveur de la lutte contre la malnutrition dont je suis l’Ambassadeur pour l’Afrique, l’atrophie des organes vitaux engendrée par la malnutrition est la cause de sérieux retards de croissance et a pour conséquence la perte d’au moins 5,6% de croissance économique dans les pays à faibles et moyens revenus où sévit ce mal endémique qui ne devrait plus exister à notre ère. Lorsqu’on sait que la majorité des pays à faibles et moyens revenus se situe en Afrique, on comprend aisément l’urgence d’une meilleure prise en charge d’une telle problématique par nous Africains.
« Portions Inégales »
La célèbre organisation caritative Save The Children a édité cette année 2016 un rapport accablant intitulé Portions Inégales. Ledit rapport attire l’attention de tous les acteurs du domaine de la nutrition sur le «concept d’exclusion» et promeut une réorientation des financements des donateurs pour une plus grande efficacité et plus d’impacts positifs en matière de lutte contre la mauvaise nutrition. Le concept d’exclusion est né du constat selon lequel nombre d’enfants sont oubliés et privés d’une nutrition adéquate du fait de ce qu’ils sont et d’où ils vivent, quand ils ne sont pas simplement victimes de discrimination en raison de leur origine ethnique ou d’un handicap.
Sauvons nos enfants
Parce que la majorité des 159 millions d’enfants souffrant d’un retard de croissance dans le monde sont africains et surtout au sud du Sahara, sauvons nos enfants en veillant à leur fournir les vitamines et nutriments précis dont ils ont besoin les 5 premières années irréversibles de leurs vies. Mobilisons-nous pour exiger l’élaboration de stratégies de santé publique qui planifient la lutte contre la malnutrition comme une priorité politique et programmatique dans nos pays.
En prenant conscience que votre propre progéniture est potentiellement concernée par ce fléau, allez-vous rester insensible à ce message? informez-vous et relayez abondamment autour de vous.